mercredi 29 août 2012

Interview avec Julien Zelela - Directeur Technique National du Cécifoot - Double champion de France et champion du monde de Cécifoot

Pour mieux comprendre cette discipline et les enjeux de son développement, nous avons rencontré au siège de l'Unadev (Union Nationale des Aveugles et Déficients Visuels) Julien Zelela, Président de l'association cécifoot Saint-Mandé et Directeur Technique National du cécifoot.


«Les joueurs ne lâchent rien sur le terrain»


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Les Jeux Paralympiques se dérouleront du 29 août au 09 septembre à Londres, quels sont vos objectifs pour l'équipe de France ? Vos espoirs ?
Faire aussi bien qu'à Pekin, on vient de faire un tournoi à Madrid on a perdu contre les brésiliens (Les champions olympiques sortants). C'est jamais joué d'avance, on devrait sortir de notre poule, si on est deuxièmes derrière le Brésil, je pense que sera déjà une belle satisfaction.

Avez vous le sentiment que le handisport en général n'est pas assez médiatisé ? Qu'en est-il du cécifoot?
Aujourd'hui le Ministère apporte beaucoup d'argent. Il y a également quelques sponsors privés comme EDF qui est le partenaire officiel de la fédération handisport. Il y a également eu  Malakoff Mederic dernièrement et quelques partenaires privés mais c'est encore très restreint. A partir du moment où il y aura des gros partenaires privés dans tous les handisports, les financements viendront naturellement. Après du coté des sportifs, il faut peut-être qu'on aille encore plus loin dans nos résultats, avoir davantage de titres....

En terme de moyens, comment faites vous sans l'appui de sponsors privés ou de partenaires institutionnels ?
Il y a EDF qui est le partenaire officiel de la fédération Handisport et quelques autres partenaires privés mais les gros partenaires dans toutes les disciplines, il y en très très peu car quand on parle de ces sponsors, c'est les partenaires de la fédération handisport.
Je pense qu'aujourd'hui c'est vraiment de ce coté là qu'il y a un travail à faire, il faut par exemple que chaque discipline de la fédération handisport ait une vraie convention active avec sa fédération homologue et on travaille actuellement là dessus.

Le cécifoot c'est surtout des structures associatives et il n'y pas réellement de gros partenaire privé. Or, très clairement pour moi, pour faire vivre ce sport raisonnablement à chaque saison sportive, il faudrait un minimum de 300.000 euros. On en parle depuis très longtemps et depuis ces deux dernières années, on a eu pas mal de réunions à la Fédération Française de Football.

Quel est le statut et le profil de vos joueurs ? Combien de temps s’entraînent les joueurs en général au quotidien ?
Tous ceux qui sont en équipe de France ont le statut d'athlète de haut niveau mais aucun joueur n’est rémunéré, tout le monde travaille ou est étudiant. Pour le cécifoot Saint-Mandé, il y a des entraînements spéciaux pour les compétitions. En dehors des entraînements, ils ont tous des abonnements dans les salles de gym Gymnasium pour s’entraîner et travailler leur condition physique. Je voulais aussi rajouter qu'actuellement ceux qui vont partir aux Jeux s’entraînent quasiment tous les jours malgré le fait que ce soient des handicapés visuels et qu'ils travaillent à coté.
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Constatez-vous un intérêt important pour le ceci-foot malgré l'image que le football pro véhicule ces dernières années ?

Le cécifoot c'est un peu une bouffée d'oxygène quand on parle du football aujourd'hui. La notion de fair-play est très présente dans le cécifoot, une fois le match terminé, on discute avec les anglais, les brésiliens, on échange. Les joueurs de cécifoot se connaissent et ça c'est une image qui plait aux médias et aux spectateurs qui viennent car ils ont l'impression de retrouver ce qu'est vraiment le football. Après, il ne faut pas non plus tomber dans l'angélisme y a aussi des joueurs qui peuvent dire des gros mots, qui peuvent être teigneux dans le cécifoot mais c'est très rare et si c'est le cas on va s'excuser une fois le match terminé.

Quel est le travail effectué, les méthodes d'entrainement mises en place pour améliorer les performances des athlètes de cécifoot ?
Beaucoup de gens se demandent comment un aveugle arrive à jouer au football. Pour progresser, s'orienter, atteindre le haut niveau, c'est parce qu'il a envie, c'est très important la notion de volonté. Bien sûr, c'est aussi un travail au quotidien. Pour celui qui est aveugle de naissance ou aveugle tardif, il faut savoir celui qui n'a jamais vu si vous lui dites fais-moi une dribble orientée, ça lui parle pas donc il faut que l'entraineur puisse lui montrer tactilement ce qu'il attend.

Donc là il y a vraiment un travail de confiance entre le joueur et l'entraineur. On fait aussi un travail en atelier un peu comme ceux qu'on retrouve dans le football pour valides. Avec les handicapés visuels, encore une fois on est très soucieux de respecter les spécificités. C'est vrai qu'on parle beaucoup des non-voyants car c'est vraiment la catégorie où il y a toutes les spécificités mais il y a aussi les malvoyants qui ont un reste visuel et là c'est vraiment du futsal (football en salle) à ceci prés qu'il y a les problèmes de vue des uns et des autres qu'il faut prendre en compte.

En tout cas, c'est un vrai travail d'utiliser au mieux les restes visuels en fonction des pathologies. Dans l'espace, c'est aussi réussir à discerner l'adversaire, le partenaire. Quand vous arrivez à vous situer dans un terrain de football et à prendre en compte les directives souhaitées par l’entraîneur  il est fort à parier que vous êtes beaucoup plus à votre aise dans la vie de tous les jours.

Interview réalisée par Vanessa Saksik - Remerciements à Julien Zelela, Directeur National du Cécifoot et à Stéphane Lemoine pour leur aimable collaboration. Cécifoot solidaire  Copyright  ©  2008 Tous droits réservés source  www.cecifootsolidaire.org

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