jeudi 1 novembre 2012

Ryadh Sallem, un athlète entre talent et engagement


Nous avons rencontré Ryadh Sallem à l'occasion de la Flashmob, organisée par Go Sport,Malakoff Mederick et le club des supporters handisport, le 23 septembre dernier. Portrait d'un homme et d'un athlète à la volonté et à l'engagement inoxydable. 




Ryadh Sallem est un homme qu'on oublie pas. Il suffit de le croiser, de discuter avec lui pour être tout de suite marqué par sa personnalité, émerveillé par son engagement, enthousiasmé par son franc parler et sa foi. Ce sportif de haut niveau aux long dreadlocks, dégage une aura incroyable. Aujourd'hui, il détient un palmarès à faire pâlir n'importe quel athlète valide. En plus de 20 ans, de la natation au rugby fauteuil en passant par le handibasket qu'il pratique toujours, il a parcouru le monde, disputé quatre olympiades, une vingtaine de championnats d'Europe et du monde.


Mais Ryadh Sallem, né en Tunisie en septembre 1970, aurait pu connaître un tout autre destin. Victime d'une malformation causé par la Thalidomide, un médicament administré à plusieurs femmes enceintes à l'époque, Ryadh Sallem est donc né sans bras, ni jambes. Seize années de soins et de souffrances plus tard, le fondateur du CAPSAA (Cap Sport Aventure Amitié) a trouvé sa nouvelle thérapie, le sport. Le francilien commence par la natation et entre en équipe de France. Dans cette discipline, il décrochera sa première médaille européenne. Quelques années plus tard, il abandonne les bassins pour les terrains de basket. En devenant handibasketeur, il réalise son rêve et embrasse sa passion de toujours pour le basket. En 1996, l'homme à la volonté de fer sur le terrain comme en dehors dispute ses premiers jeux Paralympiques à Atlanta. Aux États-Unis, terre des plus grands champions de basket-ball, le gamin de Monastir vit le rêve de tout athlète de haut niveau, valide ou handicapé. Et pour y arriver, le tricolore s' entraîne quotidiennement.

Seize ans après Atlanta, l'homme est triple champion d'Europe de Basket et possède une très belle collection de breloques internationales. En 16 ans, il a participé aussi à quatre olympiades (Atlanta 1996, Sydney 2000, Pekin 2008 et Londres 2012) «Les Jeux Paralympiques c'est l'aboutissement de toutes nos passions et de tous nos efforts pendant 4 ans et c'est le plus haut niveau sportif c'est une grande consécration dés qu'on arrive à ce niveau là, c'est quelque chose d'exceptionnel et on est avec toutes les équipes de France » confie t'il lors de notre interview à son retour de Londres en septembre dernier.

Comme tout grand sportif, Ryadh Sallem aime le défi. Preuve en est avec sa dernière reconversion sportive en Rugby fauteuil. Une reconversion récente après 18 ans en équipe de France de Handibasket. Une reconversion réussie aussi puisque l'homme a disputé en juillet dernier les jeux paralympiques de Londres 2012 en Rugby fauteuil. En plus de briller sur le terrain, le co-fondateur du Defestival resplendit dans son engagement pour la promotion du handisport et la reconnaissance des athlètes handicapés, trop souvent relégués au second plan. A ce sujet, il explique sans langue de bois « Les athlètes handicapés rencontrent pas mal de difficultés (infrastructures, moyens financiers, etc) mais la principale difficulté c'est la médiatisation...c'est surement un manque de maturité de la part de nos directions de chaînes, la manière dont on traite l'information ici est très segmentée, dans des cases et souvent quand on parle de handicap on englobe tout dans le handicap et on fait pas de distinctions entre le sport et le handicap ».

mercredi 17 octobre 2012

Handisports- Interview Christine Laroulandie -Directrice de la Communication de Malakoff Médéric - Partenaire de la Fédération Handisport

« Les athlètes paralympiques  ont exactement la même discipline, la même envie, la même rage de vaincre»

                         


Tendances Sport était présent à la flashmob organisée sur l’esplanade du Trocadéro par Go Sport, Malakoff Médéric et le club des supporters handisport, en partenariat avec la Fédération Française Handisport.. Cette Flashmob réunissait des personnes valides et des personnes en situation de handicap sur une chorégraphie imaginée par Florence Lancial, Professeur de Handidanse. A cette occasion, nous avons pu rencontrer Christine Laroulandie,  Directrice de la Communication de chez Malakoff Médéric qui a initié, en partenariat avec la Fédération Française Handisport, le Club des Supporters Handisport. Celui ci a pour objectif de mobiliser le grand public via les réseaux sociaux. Christine Laroulandie nous en dit plus sur l’engagement de Malakoff Médéric, nous livre son regard sur le handisport et nous fait partager son aventure londonienne.

Quel est l'engagement de Malakoff Médéric par apport au Handisport et comment est né cette initiative ?

Malakoff Médéric est très engagé en matière de handicap depuis de très nombreuses années, à commencer par l’interne parce que nous avons toujours eu beaucoup de salariés handicapés. A l’heure actuelle, nous avons plus de 6% de salariés handicapés. En 2009, nous avons décidé de devenir partenaires de la Fédération Française Handisport parce que nous considérons que le sport est l'un des moyens d'intégrer le handicap dans la société et de faire changer le regard sur le handicap.

Nous participons à un grand nombre de manifestations sportives handisport avec la fédération et nous regrettons à chaque fois qu'il y ait peu de spectateurs, peu d'articles dans les journaux, qu'il n'y ait pas une vraie visibilité des athlètes handisport. Pas de visibilité veut dire pas de connaissance ni de reconnaissance, pas d'encouragement.

Nous nous sommes dit que les Jeux Paralympiques représentaient une occasion extraordinaire de faire connaître les athlètes paralympiques. Nous avons pris la décision de lancer en avril dernier le Club des Supporters Handisport sur Facebook. La page Facebook du club a rencontré un très grand succès puisqu'en quelques mois elle a rassemblé 125 000 fans, ce qui est considérable.

 
 

      Nantenin Keita Crédits Photo FFH

«A Londres, pour les Jeux Paralympiques il y a eu une atmosphère de folie et un engouement incroyable de la part des Britanniques»

Que partagent les membres du Club des Supporters Handisport avec les athlètes ?

Du sport, c'est ce qui se partage et c'est que l'on a vu aux Jeux car on a eu l'immense chance d'aller à Londres pour les Jeux Paralympiques. Les athlètes handisport sont des athlètes tout court, ils s'entraînent tous les jours comme n'importe quel athlète.

C'est sans doute encore plus dur pour eux que pour les autres (Ndlr: les athlètes valides) mais ce sont des athlètes qui ont exactement la même discipline, la même envie, la même rage de vaincre. Et il n'y a aucune différence entre les athlètes valides et les athlètes handisport. C'est le sport à haut niveau dans les deux cas. C'est ça qu'on avait envie de montrer et de faire connaitre, il s'agit pas d'un sport au rabais mais d'un sport à très haut niveau de la même façon.

On sait que le handisport c'est beaucoup de structures associatives et qu'il y a un manque de moyens et de structures, comment Malakoff Médéric soutient les athlètes handisport ?

Nous soutenons financièrement la Fédération Française Handisport, qui a un certain nombre de sponsors comme EDF, la Société Générale, SFR, Go Sport, Adecco, Renault... Nous soutenons nous-mêmes, à titre personnel, trois athlètes dont deux qui sont salariés à Malakoff Médéric. L’une d'entre elles, Nantenin Keita, a décroché la médaille de bronze à Londres sur la finale du 100 mètres (Athlétisme)  dans la catégorie des athlètes malvoyants.

J'imagine que vous pu rencontrer des athlètes paralympiques, qu'est ce qu'ils vous évoquent ?

Ce sont des athlètes de très haut niveau qui sont scotchants parce qu'ils font des performances extraordinaires. Quand on regarde par exemple, la performance d'Arnaud Assoumani en longueur, elle n'est pas très loin des performances des valides C’est la même chose pour les temps en athlétisme.

Quand on a pu assister comme j'ai eu la chance de le faire à un certain nombre d'épreuves on est vraiment bluffé Ca donne envie d’aider ces athlètes à être reconnus, à avoir du public, des supporteurs pour les encourager et d'avoir d'avantage des mécènes pour les aider, parce qu'ils le méritent tout autant que les valides et je leur tire mon coup de chapeau.

                             
            Nantenin Keita Médaillé de bronze Paralympique - Athlétisme (100M)
            Crédits Photo FFH 

« En Angleterre et à Londres en particulier, tout est accessible aux handicapés, le métro est accessible, les taxis aussi…»

Dans cette aventure londonienne, si il y avait une seule chose que vous deviez retenir, ce serait quoi ? Comment vous l'avez vécu ?

Il y a plusieurs choses qui m'ont vraiment marquée. Il y a eu un engouement incroyable, une atmosphère de folie, un dynamisme très positif du public britannique. Tout était plein, la piscine, le stade, le vélodrome, c'était à guichet fermé avec un public britannique enthousiaste, une clameur pendant les épreuves et la remise des médailles, exactement comme pendant les Jeux Olympiques. Et ça c'est quand même une grande leçon pour les Français. Ça donne une énergie positive incroyable.

« Quand on regarde par exemple, la performance d'Arnaud Assoumani en longueur, elle n'est pas très loin des performances des valides »


Ce qui était aussi assez impressionnant, c'est le niveau de la manifestation et des athlètes qui sont, pour un grand nombre d'entre eux,  très proches de ce que font les valides. Et enfin, l'organisation et surtout l'accessibilité aux handicapés que l’'on trouve en Angleterre et à Londres en particulier : tout est accessible aux personnes handicapées, le métro, tous les taxis aussi.

Quand on est rentrés, avec les gens qui étaient avec nous, des journalistes, des blogueurs, on s'est dit que la France a des dizaines d'années de retard par rapport à la Grande Bretagne en matière d'accessibilité aux handicapés. On a vraiment du pain sur la planche ici, alors tout ce qu'on peut faire pour faire connaitre le handisport et contribuer à faire évoluer les choses en matière de handicap mérite d’être fait.
Remerciements à Christine Laroulandie - Directrice de la Communication de Malakoff Médéric
Crédits Photos Fédération Française Handisport 

Rejoignez la page Facebook du club des Supporters Handisport

 

Pour en savoir plus sur l'engagement de Malakoff  Médéric en faveur du handicap et du handisport

Malakoff  Médéric,  acteur  majeur  de  la  protection  sociale  complémentaire,  est  un  groupe  paritaire  et  mutualiste,  à  but  non  lucratif.  Entreprise  socialement  responsable,  le  Groupe  poursuit  une  politique  RH ambitieuse  d’insertion  professionnelle  des  personnes  handicapées,  avec  un  taux  d’emploi de  6,2 % de travailleurs handicapés à fin 2011. Depuis 2009, Malakoff Médéric s’engage en faveur du handisport
aux  côtés de  la  FFH.  L’Action  sociale de Malakoff Médéric  agit en  faveur de  la qualité de  vie des personnes handicapées, et consacre près de 4 M€ par an en aides  individuelles (amélioration de  l’habitat, adaptation du véhicule,  bourses  d’études  pour  enfants  handicapés),  et  en  financement  de  places  en  établissements spécialisés.  

vendredi 14 septembre 2012

UN WEEK- END EN HAUTEUR : CHAMPIONNATS DU MONDE D'ESCALADE 2012 A PARIS BERCY

Ce week-end les plus grands champions de l'escalade se retrouvent à Paris-Bercy à l'occasion des championnats du Monde,organisés sous l'égide de la fédération internationale d'escalade et la FFME (Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade).

«Continuez de grimper plus haut, plus vite plus fort» , tel est la devise du Président de la fédération Internationale d'escalade.Une devise qui illustre parfaitement ce sport qui requiert à la fois force, endurance, rapidité et agilité. Quinze ans après le Zénith de Paris, la capitale célèbre de nouveau l'escalade.

Les parisiens et les franciliens pourront donc découvrir ce sport et ses champions venus de tous horizons. 
L'une des particularités de cet évènement est qu'il réunira les athlètes valides et handisport. Cette douzième édition promet d'offrir du beau spectacle avec au programme beaucoup d’adrénaline et de performance. 

Dans cette discipline, la vitesse, la hauteur atteinte mais aussi la difficulté des prises (en pince, arquée, inversée, plat..) et la complexité des mouvements (croisée, bloquer, jeter, pied main...) détermine le classement des athlètes. La facilité d'exécution est aussi prise en compte elle aussi. Par exemple pour l'épreuve de bloc, quand deux candidats sont ex-æquo car ils ont parcouru le même nombre de blocs, ce sera celui qui a effectué le moins d'essais qui gagnera.

Esther Bruchner - Vitesse - Femmes - Worldclimbing 2012 | ski de randonnée-alpinisme-escalade | Scoop.it
La discipline se départage en 3 catégories vitesse, bloc et difficulté. Chacune de ces catégories sont définies par des règles précises. L'épreuve de vitesse par exemple confronte deux adversaires sur un mur de 15 mètres et c'est le chrono qui détermine le vainqueur. Le gagnant est donc celui qui arrive en haut du mur le premier. Ceux qui concourent dans la catégorie difficulté, eux doivent aller le plus haut possible. Pour la catégorie bloc, les participants doivent parcourir plusieurs blocs (5 pour les qualifications et 4 blocs pour la demi finale et 4 autres pour la finale) sur des structures de 3 à 4 mètres de haut, sécurisés par des matelas de réception. L'objectif est de réussir le plus de passages avec le moins d’essais possible dans une limite de temps.
Romain Desgranges - Difficulté - Hommes - Worldclimbing 2012 | ski de randonnée-alpinisme-escalade | Scoop.it

Chaque pays a donc son équipe de vitesse, de bloc et de difficulté. La délégation tricolore rassemblera une trentaine de sportifs de haut niveau dont 1/3 d'entre eux sont des athlètes handisport (aveugles,déficients visuels, handicapés physiques ou neurologiques..) preuve de la modernité et la volonté d'ouverture de cette discipline sensationnelle.

Thomas Caleyron - Bloc - Hommes - Worldclimbing 2012 | ski de randonnée-alpinisme-escalade | Scoop.it
Aujourd'hui, l'escalade est une discipline qui prend de la hauteur au vu de l'intérêt médiatique croissant qu'elle suscite et le nombre de pratiquants qu'elle réunie. D'ailleurs, la discipline vient tout juste de rentrer dans la short liste des disciplines candidates pour les Jeux Olympiques 2020 pour lesquels Tokyo, Istanbul et Madrid sont candidates.

Par Vanessa Saksik le 14 septembre 2012

Info et billetterie sur http://www.worldclimbing2012.com

mercredi 29 août 2012

Interview avec Julien Zelela - Directeur Technique National du Cécifoot - Double champion de France et champion du monde de Cécifoot

Pour mieux comprendre cette discipline et les enjeux de son développement, nous avons rencontré au siège de l'Unadev (Union Nationale des Aveugles et Déficients Visuels) Julien Zelela, Président de l'association cécifoot Saint-Mandé et Directeur Technique National du cécifoot.


«Les joueurs ne lâchent rien sur le terrain»


Fondation GDF Suez Copyright  ©  2010 Tous droits réservés 

Les Jeux Paralympiques se dérouleront du 29 août au 09 septembre à Londres, quels sont vos objectifs pour l'équipe de France ? Vos espoirs ?
Faire aussi bien qu'à Pekin, on vient de faire un tournoi à Madrid on a perdu contre les brésiliens (Les champions olympiques sortants). C'est jamais joué d'avance, on devrait sortir de notre poule, si on est deuxièmes derrière le Brésil, je pense que sera déjà une belle satisfaction.

Avez vous le sentiment que le handisport en général n'est pas assez médiatisé ? Qu'en est-il du cécifoot?
Aujourd'hui le Ministère apporte beaucoup d'argent. Il y a également quelques sponsors privés comme EDF qui est le partenaire officiel de la fédération handisport. Il y a également eu  Malakoff Mederic dernièrement et quelques partenaires privés mais c'est encore très restreint. A partir du moment où il y aura des gros partenaires privés dans tous les handisports, les financements viendront naturellement. Après du coté des sportifs, il faut peut-être qu'on aille encore plus loin dans nos résultats, avoir davantage de titres....

En terme de moyens, comment faites vous sans l'appui de sponsors privés ou de partenaires institutionnels ?
Il y a EDF qui est le partenaire officiel de la fédération Handisport et quelques autres partenaires privés mais les gros partenaires dans toutes les disciplines, il y en très très peu car quand on parle de ces sponsors, c'est les partenaires de la fédération handisport.
Je pense qu'aujourd'hui c'est vraiment de ce coté là qu'il y a un travail à faire, il faut par exemple que chaque discipline de la fédération handisport ait une vraie convention active avec sa fédération homologue et on travaille actuellement là dessus.

Le cécifoot c'est surtout des structures associatives et il n'y pas réellement de gros partenaire privé. Or, très clairement pour moi, pour faire vivre ce sport raisonnablement à chaque saison sportive, il faudrait un minimum de 300.000 euros. On en parle depuis très longtemps et depuis ces deux dernières années, on a eu pas mal de réunions à la Fédération Française de Football.

Quel est le statut et le profil de vos joueurs ? Combien de temps s’entraînent les joueurs en général au quotidien ?
Tous ceux qui sont en équipe de France ont le statut d'athlète de haut niveau mais aucun joueur n’est rémunéré, tout le monde travaille ou est étudiant. Pour le cécifoot Saint-Mandé, il y a des entraînements spéciaux pour les compétitions. En dehors des entraînements, ils ont tous des abonnements dans les salles de gym Gymnasium pour s’entraîner et travailler leur condition physique. Je voulais aussi rajouter qu'actuellement ceux qui vont partir aux Jeux s’entraînent quasiment tous les jours malgré le fait que ce soient des handicapés visuels et qu'ils travaillent à coté.
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Constatez-vous un intérêt important pour le ceci-foot malgré l'image que le football pro véhicule ces dernières années ?

Le cécifoot c'est un peu une bouffée d'oxygène quand on parle du football aujourd'hui. La notion de fair-play est très présente dans le cécifoot, une fois le match terminé, on discute avec les anglais, les brésiliens, on échange. Les joueurs de cécifoot se connaissent et ça c'est une image qui plait aux médias et aux spectateurs qui viennent car ils ont l'impression de retrouver ce qu'est vraiment le football. Après, il ne faut pas non plus tomber dans l'angélisme y a aussi des joueurs qui peuvent dire des gros mots, qui peuvent être teigneux dans le cécifoot mais c'est très rare et si c'est le cas on va s'excuser une fois le match terminé.

Quel est le travail effectué, les méthodes d'entrainement mises en place pour améliorer les performances des athlètes de cécifoot ?
Beaucoup de gens se demandent comment un aveugle arrive à jouer au football. Pour progresser, s'orienter, atteindre le haut niveau, c'est parce qu'il a envie, c'est très important la notion de volonté. Bien sûr, c'est aussi un travail au quotidien. Pour celui qui est aveugle de naissance ou aveugle tardif, il faut savoir celui qui n'a jamais vu si vous lui dites fais-moi une dribble orientée, ça lui parle pas donc il faut que l'entraineur puisse lui montrer tactilement ce qu'il attend.

Donc là il y a vraiment un travail de confiance entre le joueur et l'entraineur. On fait aussi un travail en atelier un peu comme ceux qu'on retrouve dans le football pour valides. Avec les handicapés visuels, encore une fois on est très soucieux de respecter les spécificités. C'est vrai qu'on parle beaucoup des non-voyants car c'est vraiment la catégorie où il y a toutes les spécificités mais il y a aussi les malvoyants qui ont un reste visuel et là c'est vraiment du futsal (football en salle) à ceci prés qu'il y a les problèmes de vue des uns et des autres qu'il faut prendre en compte.

En tout cas, c'est un vrai travail d'utiliser au mieux les restes visuels en fonction des pathologies. Dans l'espace, c'est aussi réussir à discerner l'adversaire, le partenaire. Quand vous arrivez à vous situer dans un terrain de football et à prendre en compte les directives souhaitées par l’entraîneur  il est fort à parier que vous êtes beaucoup plus à votre aise dans la vie de tous les jours.

Interview réalisée par Vanessa Saksik - Remerciements à Julien Zelela, Directeur National du Cécifoot et à Stéphane Lemoine pour leur aimable collaboration. Cécifoot solidaire  Copyright  ©  2008 Tous droits réservés source  www.cecifootsolidaire.org

Cécifoot : Quand le foot rime avec dépassement de soi


A l’occasion des Jeux Paralympiques, découverte du cécifoot, une discipline inspirée du futsal, pratiquée à la fois par les non-voyants et les malvoyants. Respect, envie, détermination sont les maîtres mots de ce sport devenu officiel en 1998. Malgré le handicap, ces athlètes de haut niveau ne lâchent rien sur le terrain. Mieux, performances et résultats sont au rendez-vous avec une équipe de France déjà double championne d'Europe en 2009 et 2011.

Le cécifoot est la contraction de cécité et football. En France, l'aventure de cette discipline débute à Saint-Mandé en 1987 avec Julien Zelela, aveugle mais surtout passionné de foot, le sport le plus pratiqué au monde. Une passion qui pour ce joueur se conjugue à son talent. Sacré avec son équipe champion de France à trois reprises (1998; 2000 et 2003) et champion du monde en 2001, Julien Zelela est aujourd’hui le Directeur Technique National du cécifoot, une manière de mettre en lumière cette discipline où les athlètes se dépassent malgré le handicap.


Les règles du jeu

Devenu officiel en 1998, le cécifoot a lui aussi ses règles du jeu. Des règles fixées par l'IBSA (International Blind Sport Association) l'association internationale du sport pour aveugles. Décryptage.

Le cécifoot, inspiré du football en salle (ou futsal) se joue en extérieur sur les dimensions d'un terrain de handball, soit 40 mètres de large sur 20 mètres de long, la norme internationale. Un terrain délimité par des barrières de 1,30 mètre de hauteur qui permettent au ballon d'être constamment en jeu et qui donne un jeu beaucoup plus dynamique. La principale particularité de ce sport est son ballon sonore avec des grelots à l'intérieur. Un ballon qui sonne comme des maracas et qui est fabriqué au Brésil, illustre terre du football.



Cécifoot solidaire  Copyright  ©  2008 Tous droits réservés 

Les joueurs non-voyants portent deux pansements oculaires recouverts par un masque. Chaque équipe comporte un gardien de but qui est voyant et 5 joueurs de champ qui ont chacun un rôle précis. Il y a les attaquants, le défenseur (gardien pour la défense) et un gardien qui se place dans une zone de finition dans les 13 derniers mètres. Il y a également les guides (un pour chaque équipe) qui se positionnent derrière les buts et qui ont pour rôle d'orienter les joueurs sur le terrain.

Au cécifoot, le jeu repose énormément sur l'aspect vocal, par exemple les indications d'orientation sont données à haute voix par les guides. Autre grande spécificité, la règle de signalement. Tout joueur allant sur l'adversaire porteur du ballon doit se signaler par un «Voy». Une particularité liée au handicap visuel. Quand un joueur entend un «Voy» ("j'arrive" en espagnol) il sait qu'un adversaire se manifeste, il va alors dribbler, faire une passe comme au football.

Cette discipline est départagée en deux catégories distinctes B1 et pour les non-voyants et B2 ou B3 pour les malvoyants. Cette distinction s'explique notamment par la nécessité d'adapter le jeu au degré d'handicap visuel des joueurs. Ainsi le cécifoot peut se jouer en intérieur pour les mal-voyants mais se joue toujours extérieur pour les non-voyants. Cela est fait pour permettre aux joueurs non-voyants qui jouent uniquement par apport aux oreilles d'entendre le ballon car le bruit y est moins important que dans une salle. Julien, Zelela , Directeur National du cécifoot explique «Dans une salle, il y a beaucoup de bruit et ça peut être dangereux pour ceux qui n'ont pas encore beaucoup de facultés de concentration et de discernement».



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L'engagement de Julien Zelela

En 1998, le football français est au sommet du monde avec la victoire des tricolores. Un rayonnement qui aura sans doute contribué à l'officialisation du cécifoot et dans la foulée à l'organisation du premier championnat de France. Bien plus qu'un engouement national pour le football, c'est surtout l'implication et le travail de Julien Zelela et de beaucoup d'autres qui vont permettre de porter aux yeux de tous, les performances de ces athlètes déficients visuels que le handicap n'empêche pas briller.

En France, on compte à l'heure actuelle, une bonne quinzaine de clubs et 22 équipes (malvoyants et non-voyants confondus) à Paris, Lyon, Marseille, Nantes, des grandes villes de tradition du football. Afin de développer le cécifoot et améliorer les performances des athlètes, un Centre Technique National a été crée à Bordeaux en 2008. L'ambition de ce centre n'est pas seulement le développement du cécifoot mais aussi d'offrir des formations dans les métiers du sport pour les déficients visuels et de développer la discipline au niveau international.

De son, coté, L'U.N.A.D.E.V (Union Nationale des Aveugles et Déficients Visuels) œuvre depuis des années pour que cette discipline prenne de plus en plus d'importance. Elle a d'ailleurs mis en place un partenariat avec l'équipe de France comprenant une contribution financière et d'autres types d'actions avec la volonté de toucher tous les publics. L'objectif commun étant à la fois de «faire changer le regard sur les personnes en situation de différence » mais aussi et surtout de valoriser la performance et la «place et le rôle de l’individu dans un projet collectif».

Le cécifoot, une discipline en pleine lumière

Aujourd'hui, le cécifoot, est d'ailleurs une discipline en plein essor et qui commence à amener des titres à la France. Le dernier titre de champion d'Europe obtenu par les tricolores 2011 en Turquie en témoigne. Julien Zelela confie « Le but est d'amener de nouveaux adhérents, de permettre à la fédération de mieux prendre en compte toutes nos demandes et quand on ramène des titres quelque part on est regardé autrement...».

Quand à la place et à l'importance du cécifoot dans les médias, celle-ci commence petit à petit à avoir une certaine visibilité à travers des reportages réalisés à l'occasion des compétitions nationales ou avec l'obtention de titres internationaux. «Les gens sont souvent étonnés et parfois circonspects de savoir que les aveugles jouent au foot pourtant quand ils viennent découvrir la discipline, ils se disent « Ah ça, c'est du football...» commente Julien Zelela .

Ces matchs et ces reportages sont une occasion pour tous de découvrir cette discipline qui bénéficie aussi de l'aura du football tout en conservant les vraies valeurs de ce sport. Mieux, cette discipline séduit même les joueurs connus à l'image de Samuel Ipoua, l'ancien international camerounais de 39 ans. Cet ex-footballeur au parcours brillant qui a joué à l'O.G.C Nice et à l'Inter de Milan a pu assister à des matchs de cécifoot et a été impressionné par le niveau de jeu de ces athlètes. Séduit, Samuel Ipoua a voulu aller plus loin en devenant entraineur diplômé pour une équipe de cécifoot.

Plus récemment, Artem Ben Arfa s'est proposé de venir voir joueur l'équipe de France de cécifoot à Londres et compte s'engager sur la durée. Un coup de projecteur bienvenue pour Julien Zelela «Pour nous c'est aussi une bonne chose car c'est quelqu'un qui a du talent et qui est populaire dans le foot». Si cet intérêt est plus qu'encourageant, la diffusion des événements handisports reste encore mineure. Pire, la France fait partie des mauvais élèves avec aucune diffusion en direct des Jeux Paralympiques.

Handisports, une visibilité médiatique à accroître

Ce constat partagé par Julien Zelela qui y voit une spécificité culturelle et s'indigne «Comment expliquer qu'une nation comme la France n'est jamais diffusé les Jeux Paralympiques en direct alors que dans quasiment dans tous les grands pays européens le font». Outre-manche par exemple, la portée médiatique est toute autre. La chaine publique Channel 4 va diffuser 150 heures de direct et a concocté un clip de promotion intitulée «Meet the superhumans» (Découvrez les surhumains). Sur «Harder than you think » (Plus fort que tu ne le penses) de Public Enemy, le message véhiculé par la vidéo de promotion y est à la fois choc et valorisant. C'est la performance qui est mise en lumière avant le handicap.



En France, pour l'heure, la donne ne semble pas avoir beaucoup changé pour les grandes chaînes. Sur France Télévisions par exemple, seules les cérémonies d'ouverture et de clôture des J.O Paralympiques de Londres seront diffusées en direct sur France Ô et sur France 2 et France 3, ce sera une chronique quotidienne. Un effort consenti seulement après une pétition signée par 1700 personnes, autant dire que la promotion du handisport en France reste encore mineure. Pourtant TV8 Mont Blanc a elle fait le pari de diffuser 77 heures de Direct pour J.O cette année. Un effort à saluer qui servira peut-être d'exemple à l'avenir.

Mais au delà de la médiatisation, le cécifoot c'est la possibilité d'améliorer son autonomie, de développer des capacités et aussi de tisser un lien social plus important, le handicap étant souvent isolant. D'ailleurs, la discipline attire beaucoup de jeunes pour qui pratiquer une activité sportive est une véritable bouffée d’oxygène et une manière de s’affirmer. Jeunes ou moins jeunes , pratiquer un sport c'est aussi l'opportunité d'acquérir un bien-être physique, psychique et un mental de champion. Mieux, cela permet de développer de merveilleuses capacités d'agilité, d'aisance et de réactivité et de renforcer la confiance en soi. Une manière de casser l'image préconçue sur les déficients visuels dont on sous-estime souvent les capacités. Un très beau tremplin aussi pour l'insertion dans le monde professionnel.

Article écrit par Vanessa Saksik le 22 Aout 2012

Remerciements à Julien Zelela, Directeur National du Cécifoot et à Stéphane Lemoine pour leur aimable collaboration . Crédits photos Cécifoot solidaire  Copyright  ©  2008 Tous droits réservés source  www.cecifootsolidaire.org


Pour mieux comprendre

Les catégories du cécifoot :

- Les non –voyants (B1) : Aucune perception de lumière dans chacun des yeux. Impossibilité de reconnaître la forme d’une main à n’importe quelle distance et dans n’importe quelle direction.

- Les malvoyants B2 ou B3 : 
B2: Habileté à reconnaître la forme d’une main avec une acuité visuelle de 5 % et un champ visuel de moins de 5 degrés dans le meilleur œil, après correction.
B3 : Une acuité visuelle entre 5 et 10 % et/ou un champ visuel compris entre 5 et 20 degrés dans le meilleur œil, après correction.

Zoom sur les compétitions nationales et internationales de cécifoot
- Jeux Paralympiques
- Championnats du Monde
- Championnats d'Europe
- Tournoi international
Le Championnat de France "non-voyants"
- Le Championnat de France "malvoyants"
- La Coupe de France
- Le Challenge Jeunes (- de 20 ans)


Site d'information sur le cécifoot

Le site des JO Paralympiques 2012

Les associations et les fédérations
Union Nationale pour les aveugles et les Déficients Visuels
Fédération Française handisport

mercredi 22 août 2012

Cécifoot : Une médiatisation encore en conquête


L'engagement de Julien Zelela

En 1998, le football français est au sommet du monde avec la victoire des tricolores. Un rayonnement qui aura sans doute contribué à l'officialisation du cécifoot et dans la foulée à l'organisation du premier championnat de France. Bien plus qu'un engouement national pour le football, c'est surtout l'implication et le travail de Julien Zelela et de beaucoup d'autres qui vont permettre de porter aux yeux de tous, les performances de ces athlètes déficients visuels que le handicap n'empêche pas briller.

En France, on compte à l'heure actuelle, une bonne quinzaine de clubs et 22 équipes (malvoyants et non-voyants confondus) à Paris, Lyon, Marseille, Nantes, des grandes villes de tradition du football. Afin de développer le cécifoot et améliorer les performances des athlètes, un Centre Technique National a été crée à Bordeaux en 2008. L'ambition de ce centre n'est pas seulement le développement du cécifoot mais aussi d'offrir des formations dans les métiers du sport pour les déficients visuels et de développer la discipline au niveau international.

De son, coté, L'U.N.A.D.E.V (Union Nationale des Aveugles et Déficients Visuels) œuvre depuis des années pour que cette discipline prenne de plus en plus d'importance. Elle a d'ailleurs mis en place un partenariat avec l'équipe de France comprenant une contribution financière et d'autres types d'actions avec la volonté de toucher tous les publics. L'objectif commun étant à la fois de «faire changer le regard sur les personnes en situation de différence » mais aussi et surtout de valoriser la performance et la «place et le rôle de l’individu dans un projet collectif».

Le cécifoot, une discipline en pleine lumière

Aujourd'hui, le cécifoot, est d'ailleurs une discipline en plein essor et qui commence à amener des titres à la France. Le dernier titre de champion d'Europe obtenu par les tricolores 2011 en Turquie en témoigne. Julien Zelela confie « Le but est d'amener de nouveaux adhérents, de permettre à la fédération de mieux prendre en compte toutes nos demandes et quand on ramène des titres quelque part on est regardé autrement...».

Quand à la place et à l'importance du cécifoot dans les médias, celle-ci commence petit à petit à avoir une certaine visibilité à travers des reportages réalisés à l'occasion des compétitions nationales ou avec l'obtention de titres internationaux. «Les gens sont souvent étonnés et parfois circonspects de savoir que les aveugles jouent au foot pourtant quand ils viennent découvrir la discipline, ils se disent « Ah ça, c'est du football...» commente Julien Zelela .

Ces matchs et ces reportages sont une occasion pour tous de découvrir cette discipline qui bénéficie aussi de l'aura du football tout en conservant les vraies valeurs de ce sport. Mieux, cette discipline séduit même les joueurs connus à l'image de Samuel Ipoua, l'ancien international camerounais de 39 ans. Cet ex-footballeur au parcours brillant qui a joué à l'O.G.C Nice et à l'Inter de Milan a pu assister à des matchs de cécifoot et a été impressionné par le niveau de jeu de ces athlètes. Séduit, Samuel Ipoua a voulu aller plus loin en devenant entraineur diplômé pour une équipe de cécifoot.

Plus récemment, Artem Ben Arfa s'est proposé de venir voir joueur l'équipe de France de cécifoot à Londres et compte s'engager sur la durée. Un coup de projecteur bienvenue pour Julien Zelela «Pour nous c'est aussi une bonne chose car c'est quelqu'un qui a du talent et qui est populaire dans le foot». Si cet intérêt est plus qu'encourageant, la diffusion des événements handisports reste encore mineure. Pire, la France fait partie des mauvais élèves avec aucune diffusion en direct des Jeux Paralympiques.

Handisports, une visibilité médiatique à accroître

Ce constat partagé par Julien Zelela qui y voit une spécificité culturelle et s'indigne «Comment expliquer qu'une nation comme la France n'est jamais diffusé les Jeux Paralympiques en direct alors que dans quasiment dans tous les grands pays européens le font». Outre-manche par exemple, la portée médiatique est toute autre. La chaine publique Channel 4 va diffuser 150 heures de direct et a concocté un clip de promotion intitulée «Meet the superhumans» (Découvrez les surhumains). Sur «Harder than you think » (Plus fort que tu ne le penses) de Public Enemy, le message véhiculé par la vidéo de promotion y est à la fois choc et valorisant. C'est la performance qui est mise en lumière avant le handicap.



En France, pour l'heure, la donne ne semble pas avoir beaucoup changé pour les grandes chaînes. Sur France Télévisions par exemple, seules les cérémonies d'ouverture et de clôture des J.O Paralympiques de Londres seront diffusées en direct sur France Ô et sur France 2 et France 3, ce sera une chronique quotidienne. Un effort consenti seulement après une pétition signée par 1700 personnes, autant dire que la promotion du handisport en France reste encore mineure. Pourtant TV8 Mont Blanc a elle fait le pari de diffuser 77 heures de Direct pour J.O cette année. Un effort à saluer qui servira peut-être d'exemple à l'avenir.

Mais au delà de la médiatisation, le cécifoot c'est la possibilité d'améliorer son autonomie, de développer des capacités et aussi de tisser un lien social plus important, le handicap étant souvent isolant. D'ailleurs, la discipline attire beaucoup de jeunes pour qui pratiquer une activité sportive est une véritable bouffée d’oxygène et une manière de s’affirmer. Jeunes ou moins jeunes , pratiquer un sport c'est aussi l'opportunité d'acquérir un bien-être physique, psychique et un mental de champion. Mieux, cela permet de développer de merveilleuses capacités d'agilité, d'aisance et de réactivité et de renforcer la confiance en soi. Une manière de casser l'image préconçue sur les déficients visuels dont on sous-estime souvent les capacités. Un très beau tremplin aussi pour l'insertion dans le monde professionnel.

Article écrit par Vanessa Saksik le 22 Aout 2012

Remerciements à Julien Zelela, Directeur National du Cécifoot et à Stéphane Lemoine pour leur aimable collaboration . Crédits photos Cécifoot solidaire  Copyright  ©  2008 Tous droits réservés source  www.cecifootsolidaire.org