vendredi 27 janvier 2017

Interview croisée Vanessa James et Maé Bérénice Meite

« On a toujours été là l’une pour l’autre »

Vanessa, premier podium en Grand Prix, ça fait quoi et comment analyses-tu ta performance sur ce Trophée de France ?
Ça fait du bien ! on est trop fiers parce que finalement le travail a payé. On l’a montré en compétition. On commençait à se poser des questions parce qu’on pensait bien travailler mais il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas, que ce soit aux Championnats d’Europe ou aux Grands Prix, et là finalement on a patiné comme on patinait à l’entrainement, avec la tête et la confiance. On a montré qu’on était capables et qu’on est vraiment proches des meilleurs mondiaux. Je crois que ça va nous booster dans la performance et dans la confiance pour les prochaines compétitions. Tout est possible et on peut être les meilleurs.

Qu’est-ce qui a fait la différence mentalement sur cette compétition ?
Vanessa : J’étais bien entourée par mon coach, mes parents, ma famille, Katia Krier, tout le monde a fait en sorte que je pense qu’au positif pour que j’ai confiance au travail effectué à l’entrainement et j’étais vraiment concentrée et du coup je n’avais pas le choix et c’est ça qui m’a fait réussir.
Maé :  C’est le reflet du travail qu’on a pu faire avec Shaneta Folle (son entraîneur, ndlr) depuis maintenant deux mois.  Sur le programme court, je n’ai pas montré ce que je pouvais faire. Sur ce programme long, je pense que j‘ai montré un petit peu l’étendue du travail qu’on a pu faire, et voilà la prochaine étape, ce sera de faire la même chose sur les deux programmes et d’être à 100 % de mes capacités, au bon moment, pour les deux programmes.


Vanessa, avec Morgan, vous avez aussi participé au Skate America et à une compétition challenger en début de saison, ton impression sur ces compétitions ?
Après le Skate America, j’étais au plus bas. On s’est demandés si on allait continuer, on s’était dit que ça ne servait à rien de faire des sacrifices, de travailler pour qu’au moment qui compte, on ne soit pas au rendez-vous. Je me suis beaucoup remise en question, pas à l’entrainement ou sur ce qu’on faisait mais moi.  Vu que j’étais bien entourée, j’ai commencé à parler avec le préparateur mental pour les accès d’angoisse. On a repris à nouveau et on est arrivés ici en confiance et prêts.   

Maé, tu as remporté la coupe de Nice, quel est ton impression ?
 J’ai eu des bons feelings, des bonnes sensations, des programmes plutôt pas mal, après c’est le chemin pour aller vers les objectifs finaux de la deuxième partie de saison. Je suis en construction et j’y vais étape par étape, c’est une marche de plus à l’escalier.


« Le premier soutien, c’est nos parents »

Vanessa et Maé vous êtes amies et vous vous soutenez beaucoup l’une l’autre chacune peut- elle donner son impression sur l’autre sur cette compétition ?
Moi, je sais de quoi ils sont capables, je les voyais à l’entrainement l’année dernière, c’est vrai que le potentiel était là. On sait que ce qui pèche et l’une et l’autre, c’est que l’on ne croit pas en nous. Le bon côté c’est qu’on s’est motivés toutes les deux et on sait qu’on est prêtes donc on a fait le travail.  Du coup, On se dit pourquoi ça ne marcherait pas. On se dit j’ai peur de rater ou de ne pas bien faire.  On se dit mais en fait pourquoi on se dit ça parce qu‘à l’entrainement ça marche. On y va, on fait et on se dit c’est un entrainement devant le public.  C’est ce qu’ils ont fait !  Sur le programme court, c’était un petit peu moins sûr que sur le long. Sur le libre,  ils sont partis et ils  ont juste tout défoncé !



Et Vanessa, sur la performance de Maé ?
On est très fiers d’elle, on l’a dit au micro sur le Kiss and Cry. On était à fond mais je pense que tout le monde était à fond. Ce n’est pas étonnant avec cette performance là et avec son attaque du début jusqu’à la fin. On s’est motivés toutes les deux parce qu’on est pareil au niveau du mental, on peut avoir confiance mais aussi se laisser déstabiliser très rapidement avec une erreur. Là, on s’est dit on est à la maison, c’est le moment, c’est chez nous, on a fait le boulot, c’était bien fait. On s’est dit on va faire les choses aussi bien qu’à l’entrainement. Nous, si on termine la compétition en ayant tout fait, en ayant attaqué chaque saut et sans aucun regret, on sera heureux et c’est ce que on a fait. 

Vous avez changé de coach comment se passe cette nouvelle collaboration ? Quels sont vos objectifs pour les France et le reste de la saison ?
Ça se passe très bien. On est très contents. On ne voit pas vraiment la vie à Miami parce qu’on travaille tellement qu’en rentrant, on dort, on fait la sieste, on mange et on redort afin de se conserver pour les entraînements.  Si on demande « Est ce qu’on peut faire moins aujourd’hui » ils ne vont pas dire « oui » évidement. Nos profs sont adorables. On a un prof pour chaque petite contribution dans le programme et dans les entraînements et je crois que c’est ça qui fait la différence. On a amélioré nos composantes dans la technique, dans la confiance parce qu’il y a un an et demi ou deux ans on faisait vraiment n’importe quoi. On a gagné en rigueur.

Et toi Maé tu es aussi partie aux Etats-Unis avec Shanetta Folle, Peux-tu nous en dire plus ?
Pour moi, c’était un choix que j’ai fait.  On ne me l’a pas imposé, on ne m’a pas dit il serait peut-être temps de changer.  C’est vraiment moi qui ait pris la décision. C’est donc déjà beaucoup moins difficile de se dire il faut que je parte loin de la famille, de mon quotidien, que je sorte de ma zone de confort. Ayant déjà eu une expérience avec Shanetta, je savais déjà comment elle travaillait, je savais comment ça allait se passer ; je connaissais déjà l’environnement où j’allais être, la famille qui m’accueillerait donc ce n’était pas un réel problème pour moi et j’avais plus hâte qu’autre chose parce que je voulais vraiment du changement et quelque chose de neuf.  C’est quand même dur d’être loin de ses parents mais avec la technologie on a beaucoup de moyens pour rester en contact En tout cas, ça se passe très bien et je suis vraiment heureuse d’être là-bas.

                   «Le travail a payé» 

Un mot sur vos programmes comment les avez-vous choisis ?
Maé : Cette année, Je n’ai pas changé de programme car j’ai commencé ma préparation mi-juillet, début août alors que normalement les programmes sont rodés depuis le mois de juillet donc j’avais du retard déjà par apport à tout le monde. Pour le programme court, on a voulu choisir une musique qui soit puissante.  J’ai accroché dès le départ parce que c’est une musique qui me correspondait bien par apport au niveau de patinage auquel je me trouvais quand je suis arrivée, l’évolution qu’on pouvait y apporter. Cette musique c’est pour mettre en avant les points forts qu’on veut accentuer.
Vanessa : Au début pour le programme court, on était partis sur «The Mask » mais ça nous correspondait pas assez, ça ne mettait pas en connexion entre nous et du coup comme ce n’est pas les composantes qu’on voulait cette année. On a changé après notre première compétition et le court c’est encore nouveau. C’est « You eanned it » de The Weekend, c’est très connu et on peut prendre le temps de se regarder, de jouer et ça nous va mieux. Le programme long c’est notre équipe qui nous l’a proposé parce qu’ils nous ont beaucoup regardé la saison dernière. Ils ont regardé les vidéos sur You tube et ils ont vu ce qu’on avait besoin d’améliorer et où on pouvait progresser. Ils ont vu que cette musique pouvait vraiment être en accord avec notre patinage. On est vraiment contents et fiers de ce programme.

Quels sont vos objectifs pour le reste de la saison ?
Vanessa : Si je peux faire un programme libre comme ça avec des améliorations mais même un programme comme ça à chaque fois jusqu’aux championnats d’Europe, jusqu’aux mondes, ce sera très, très bien. Je ne veux pas parler de résultats parce que chaque fois qu’on parle de résultats, ça n’arrive pas et c’est parce qu’on essaye de contrôler ce que font les autres, les notes que nous donnent les juges qu’on bloque sans doute. On préfère se tourner plus vers ce qu’on fait sur la glace et ça paye, la preuve, hier on fait notre boulot et le résultat est venu avec. Si on continue à faire ça, c’est sûr qu’on est capables d’avoir une médaille européenne.

Maé : Je dirais comme Vanessa, je ne vais pas me prononcer sur un quelconque résultat mais ce que je sais c’est que je vais continuer d’évoluer, de m’améliorer sur mes deux programmes ; présenter des programmes propres et techniquement consistants et continuer à mettre des difficultés.

Le soutien de vos parents et qu’est-ce qui vous fait rebondir après des compétitions difficiles ?
Maé : Le premier soutien vient de mes parents et c’est très important pour moi qu’ils soient là et qu’ils me soutiennent. Je pense que peu importe ce qu’on va faire, les premières personnes qui seront toujours là à nos côtés c’est nos parents, que ce soit bon, que ce soit mauvais ; que ce soit moyen, ils seront toujours là. Ils nous montrent toujours leur amour, ils trouvent toujours les bons mots pour nous soutenir dans les bons comme dans les mauvais moments. Les parents c’est le la base numéro 1, après on a des amis proches qui sont là quand ça ne va pas forcement, qui nous soutiennent, moi je dirai que c’est Vanessa, en fait c’est mon soutien numéro un, elle m’a déjà vu pleurer elle a toujours été là pour moi.

Vanessa : C’est la même chose, on a la même façon de penser dans la vie et dans le patinage.  Mon soutien c’est les parents et je peux te dire après le Skate America, je ne serai pas là, je n’aurai pas fait ce que j’ai fait hier. Il y a aussi le soutien des amis après il y a plus ou moins le soutien des gens qui sont là, pas quand il faut mais quand ça leur va et d’autres qui sont la quand il faut quand je vais bien, quand ça ne va pas. Maé, elle me laisse des messages vocaux, m’appelle m’écrit des lettres, des mails avant que je patine, après, quand je suis déçue, Maé elle est là pour moi.
Après il y a les potes parce qu’ils nous boostent quand on est sur la glace, à l’entrainement, nous motiver quand ça ne va pas du tout et puis mon équipe ils sont pas tous là mais ils étaient là en messages écrits, vocaux je les remercie aussi. Il y a aussi les fans parce qu’ils ne sont pas avec nous aux entraînements mais ils sont là pour nous aussi, ils nous disent ne t’arrête pas, crois en toi, nous on croit en toi et c’est très important.  J’apprécie car de venir nous soutenir l’hôtel, les billets, ça coûte cher, Ils sont là toute la journée à donner de la voix, à nous nous attendre dans le froid toute la journée ; à être là pour nous soutenir On voit que ça les touche, comme le programme qu’on a fait hier.  Je suis très reconnaissante de leur soutien, les efforts qu’ils font, leur amitié, c’est tout ça qui fait qu’on y arrive parce que sinon ce ne serait pas possible. 

Interview réalisée par Vanessa Saksik